Les atteintes sur les cours d'eau et zones humides


Contexte environnemental :

Monts du Forez : Massif granitique avec des « paliers » à différentes altitudes (les Hautes-Chaumes à1300-1400m d'altitude, un autre palier à 1000m, ...). 

Le plateau des Hautes-Chaumes (1300 – 1400 m d’altitude) se caractérise par  nombreuses zones humides et tourbières. L'activité agro-pastorale des siècles passés a plutôt été bénéfique pour la biodiversité

Les cours d’eau traversent ensuite des vallées plus ou moins encaissées avec des forêts de résineux et de feuillus. Des vallées qui peuvent être réellement encaissées, de type "cévenoles"

Certains cous d’eau traversent des zones de prairies dans leur partie intermédiaire.

 

Atteintes climatiques :

-       Coups de chauds et sécheresse : si les sécheresses ont toujours existé, leur fréquence plus resserrée pose question. Couplé aux coups de chauds avec des T° qui approchent (voir dépasse) les 40°.

Les assecs partiels voir totaux sont récurrents sur les ruisseaux qui prennent leur source à 1000m altitude (Essende, Val Bertrand, Courbillon, Pralong, …)

Ce qui nous a surpris, c'est l'assec important quà connu le Cotayet.

Pour un ruisseau qui vient des tourbières de Baracuchet, ca pose question quand même !

 

-        Forts redoux hivernaux accompagnés de passages pluvieux. Avec la présence de neige, on obtient un cocktail dévastateur : depuis 2018, 3 crues majeures en 5 hivers. Leur effet immédiat est le balayage des frayères, ce qui entraîne un faible recrutement en juvénile. Le profil du Lignon, très encaissé dans la vallée entre Chalmazel et Sail-sous-Couzan avec un fort dénivelé et contraint par la végétation autour de Chalmazel, génère une grande vitesse d’eau.

      L’eau n’a pas la possibilité de s’étaler ce qui atténuerait sa force  ! Les ruisseaux ont plus de liberté de s’échapper de leur lit principal, ce qui atténue l’impact de ces fortes crues ; le recrutement en juvénile y est bien meilleur que sur les « grands » cours d’eau ces années-là.

 

Atteintes liées à l’activité humaine « directe » :

-        Captages Eau Potable sur les sources :

o   Le bassin du Vizézy est fortement impacté. Le Vizézy bénéficie d’un soutien par un béal alimenté par le ruisseau des Planches (Garnier)

o   Le bassin du Lignon résiste mieux. Sur les communes de Sauvain et de Chalmazel-Jeansagnière, les prélèvements (limités à la consommation locale) restent modérés et les nombreuses tourbières et zones humides maintiennent un certain débit en été et en automne.

Mais ca risque d'évoluer, le besoin de sécuriser l'alimentation en eau potable est un argument qui pèse trop lourd devant nos considérations environnementales. Le besoin de remplir les piscines privées, de satisfaire le confort individuel l'emporte devant la raison !

Sur ce point, les associations environnementalistes d'habitude si bavardes sont bien silencieuses.

-        Piétinement bovin sur les berges des ruisseaux

-        Les ruisseaux ont parfois été déviés pour épouser les limites cadastrales.

-        De nombreuses prise d’eau (seuils) alimentaient des biefs (appelés béal) pour l’irrigation des parcelles, pour les moulins et scieries, les jasseries

o   De nombreux moulins jalonnaient les principaux cours d’eau (Lignon, Pierre-Brune, Vizézy, ...). Sur le Vizézy, on comptait en moyenne aux XVIIIe un moulin tous les 250m

o   Ces biefs, bien qu’asséché de temps en temps, constituait un maillage hydrographique remarquable. Ils présentaient un aspect naturel et possédaient une réelle biodiversité. Leur disparition nous interroge.

De rares biefs existent encore (le Gourre à Sauvain).

Sur les Hautes-Chaumes, certains secteurs (comme Colleigne sur Sauvain, les estives de Chalmazel entre le col du Béal et col de la Loge) possèdent encore ces petits béal.

-        Epandage lisier

-        Désherbage de parcelle cultivée : pratique qui reste limitée

-        Pollutions domestiques :

o   Les bourgs sont équipés de station d’épuration remise aux normes ces 10 dernières années

o   Les communes n’utilisent plus de produits phytosanitaires

-        Salage des routes : hormis le salage des toutes départementales, la plupart des communes ne salent pas les routes communales

 

Espèces invasives :

-        Végétales : renouée du Japon

-        Animales :

   o   Écrevisse californienne

 o   Ragondin


Evolution climatique

Le contexte climatique évolue.

 

Outre l'augmentation de la température moyenne, les constats sont :

  • l'augmentation de la variation brusque des températures (en hiver il n'est plus rare de voir des variations de température de plus de 20° en 2 jours et quand ca s'accompagne d'un épisode pluvieux sur la neige, ça donne les crues historique de janvier 2018, Février 2021 et fin Décembre 2021 )
  • des phénomènes pluvieux plus intense
  • des périodes de sécheresse plus fréquentes - qui reviennent chaque année (sécheresse automnale d e2015 à 2020)

Par le passé il y a toujours eu des sècheresse (1921, 1949, 1976, 2003).

Mais ces années sèches étaient suivies par des années pluvieuses.

Ce qui est moins le cas de nos jours; de 2015 à 2020, nous avons connu 6 années avec au moins une période de sécheresse (fin été / début automne) et de gros coups de chaleur.

 

En gros, on est en train de ressembler aux cévennes (département du Gard) et nos cours d'eau aux gardons cévenols (des assecs partiels, un étiage sévère et des crues "monstrueuses")


Impact des crues sur les populations de truite fario

Plusieurs périodes dans l'année sont critiques pour le "recrutement" en juvénile :

 

En Avril-Mai : A cette époque de l'année, alors que les alevins sont en pleine émergence, un coup d'eau peut avoir des conséquences néfastes.

Sur les dernières années on avait eu :

  • le 31/05/2010 : 8.8 m3/s
  • le 29/04/2012 : 9 m3/s
  • le 01/05/2013 : 22.3 m3/s
  • le 02/05/2014 : 4.98 m3/s
  • le 01/04/2015 : 8.35 m3/s
  • le 29/05/2016 : 12.2 m3/s
  • le 04/04/2018 : 15.1 m3/s

En 2016, on avait eu droit a de très belles populations d'alevins lors des pêches électriques, donc le coup d'eau n'avait pas eu d'impact (mais il était fin Mai)

En 2014, on avait eu des alevins en quantité moyenne (mais le coup d'eau était moins marqué que cette année)

En 2018, tout avait été balayé en janvier, donc...(seuls quelques ruisseaux avaient sauvé l'honneur)

En 2013, où on peut parler de très gros coup d'eau (débit instantané très fort mais moyenne journalière plus faible qu'une crue ) on avait retrouvé des alevins sur les ruisseaux et petites rivières (Lignon à Jeansagnière) mais quasiment aucun sur le Lignon au Pont-Neuf !!!

 

Au cœur de l'hiver : La fonte rapide de la neige (notamment lors d'un redoux très pluvieux) génère des crues dévastatrices, avec des débits instantanés phénoménaux. Les frayères en pleine rivière sont littéralement balayées. Il n'y a alors aucun recrutement en juvénile.

Seuls les petits ruisseaux permettent alors de fournir une cohorte de juvénile. 

  • 2018 (crue du 4 janvier 2018) : aucun alevin sur le Lignon. Quelques uns constatés sur des petits ruisseaux comme la Planchette
  • 2021 (crue de Février) : recrutement très faible en juvénile sur le Lignon
  • 2022 (crue de fin Décembre 2021): faible recrutement en juvénile. Des secteurs comme le Lignon au Pont-Neuf (secteur encaissé sans étalement possible) sont vierges d'alevins. C'est mieux sur des secteurs alimentés par des ruisseaux (exemple aire de pique-nique de Chalmazel juste à l'aval de la confluence du PAyonnet)

 

Cette résilience des petits ruisseaux est le fondement de notre volonté de les préserver et de les restaurer le cas échéant, volonté qui se concrétise à travers les projets engagés sur le payonnet, le sagnat, le verdier et l'essende !!!

 

Au sujet des crues, sur les 10 dernières années, voici le classement avec le débit instantané (le classement est effectué selon le QJM = débit journalier moyen, ce qui explique que les 22.3 m3/s instantanné du 01/05/2013 ne figure pas dans ce classement):

 

  • le 04/01/2018 : débit instantané = 86.6 m3/s (crue de fréquence de retour centennale)
  • mi-Février 2021 : débit instantanné = 56 m3/s
  • le 08/08/2013 : débit instantané = 54.5 m3/s (crue de fréquence de retour cinquantennale)
  • le 29/12/2021 : débit instantanné = 52m3/s
  • le 30/03/2015 : 25.4 m3/s
  • le 31/12/2011 : 23.4 m3/s
  • le 22/11/2016 : 21.5 m3/s