Politique de gestion piscicole

La Truite du Haut-Lignon Forézien s'est engagée il y aura bientôt 30 ans dans une gestion patrimoniale stricte sur la totalité de son parcours.

Depuis 1992, plus aucun alevinage, plus aucun lâcher de truite surdensitaire ni introduction de boîte vibert n'ont été effectués.

Notre objectif est de pouvoir proposer aux pêcheurs de partir à la découverte d'un parcours relativement préservé, sans aménagement et de trouver comment tromper la vigilance des truites farios sauvages .

Le but n'étant pas le panier, mais le plaisir d'un moment au bord de l'eau.

En parallèle, afin de permettre la pratique d'une pêche plus accessible qu'au bord de nos cours d'eau de montagne, le plan d'eau des Champas, situé sur la commune de Sauvain, a été agrandi en 1999.

 

Régulièrement empoissonné en truites arc-en-ciel, il permet la pratique d'un pêche accessible aux plus jeunes et aux plus anciens.

 

Le lieu a également été aménagé pour accueillir les familles (aire de pique-nique, point d'eau potable et toilettes,....) et les personnes à mobilité réduite.


La Truite du Haut-Lignon Forézien s'est donnée 3 grandes lignes directrices pour répondre aux missions dévolues à une A.A.P.P.M.A. en fonction du contexte géographique et environnemental dans lequel elle évolue :

 

 1 - Gestion patrimoniale totale sur l'intégralité des lots qu'elle a en gestion : aucun alevinage , ni lâchers de truites surdensitaires,

 

2 - Restauration et préservation des milieux aquatique, plus particulièrement la préservation des petits ruisseaux en tête de bassin,

 

3 - Initiation et découverte de la pêche et des milieux aquatiques.


1 - Gestion patrimoniale

A travers cette gestion patrimoniale, la Truite du Haut-Lignon Forézien s'est engagée dans la préservation de la souche locale de truite fario atlantique.

Suivant les cours d'eau, la robe des truites peut varier malgré la proximité des cours d'eau.

La gestion patrimoniale s'appuie sur les capacités du milieu à offrir les conditions nécessaires à la reproduction naturelle des truites.

 

La population de truite est donc entièrement dépendante de la fraie naturelle.

 

Celle-ci peut être très variable d'une année sur l'autre, suivant les conditions "hydrologiques" de l'automne et de l'hiver.

 

Le niveau des eaux à l'automne conditionne beaucoup l'accès aux frayères.

 

La fraie se produit très tôt dans la saison; si les conditions le permettent, on peut voir des truites en activité sur les frayères dès la mi-Octobre.

 

Voir en page Environnement/Espèces emblématiques/Truite fario pour une petite explication imagée de la reproduction de la truite.

 

De même, durant l'hiver, les conditions aléatoires suivant les années peuvent anéantir la reproduction ; que ce soit les faibles débits par grands froids qui peuvent exonder des frayères ou les grosses crues générées par une fonte brutale de la neige.

 

La reproduction avait été très bonne à l'automne 2010. La quantité d'alevins au printemps 2011 était impressionnante.

De même les conditions ont été très bonnes à l'automne 2014 et durant tout l'hiver.

Les pêches électriques effectuées à l'été 2015 ont confirmé que les naissances avaient été nombreuses au printemps.

 

Depuis 2015, les conditions ont été moins favorables : fin d'été et automne très sec. Néanmoins les pêches électriques d'inventaire ont mis en évidence un recrutement en juvénile (alevins de l'année) en quantité très correcte.

 

2019 et 2020 ont été de très bonnes années pour le recrutement en juvénile. 2018 avait par contre été catastrophique (avec la crue centennale de début Janvier)

 

Comme quoi, des rivières en bon état avec une population de truite fario "sauvage" adaptée aux caractéristiques de la rivière permettent de garantir une reproduction naturelle quelques soit les conditions.

 

Frayère sur le Lignon
Frayère sur le Lignon

La reproduction naturelle suffit aujourd'hui à garantir une densité et une répartition des populations qu'on peut qualifier de correcte à excellente sur la plupart des cours d'eau.

Seuls quelques petits ruisseaux dont les sources sont à moins de 1000m d'altitude, comme le Pralong ou le Ruisseau d'Essende, et qui souffrent d'assecs partiels les années de sécheresse présentent un déficit en truites.

 

Bien entendu, les aléas climatiques ont des effets sur les populations de truites d'une année sur l'autre.

Août 2009 a vu l'orage du "siècle" s'abattre sur les hauteurs de Chalmazel et a entraîné une crue dévastatrice.

De même, à l'été 2013 - entre fin Juillet et début Août - des pluies diluviennes se sont déversées sur le nord des Monts du Forez (voir les photos de la crue ci-dessous).

Au contraire, les étés 2015 et début d'automne 2016 et 2017  auront été secs et chauds avec des débits très faibles. Mais il n'y a pas eu de mortalité notable sur les petits ruisseaux.

 

La fonte des neiges (notamment lors d'un redoux très pluvieux) génèrent également, suivant les années, des coups d'eau très marqués qui peuvent "lessiver" les frayères comme en janvier 2018 où le recrutement  en juvénile a été nul (seuls les ruisseaux ont fourni une petite cohorte d'alevins de l'année).

 

Les 2 années suivantes 2019 et 2020 ont permis un très bon recrutement (voir exceptionnel) en juvénile.

2021, avec une nouvelle crue (de fréquence cinquentennale) devrait malheureusement ne pas être bon

 

Les parties intermédiaires du Lignon, du Pierre-Brune ou du Vizézy coulants au fond de vallées encaissées, les crues génèrent des vitesses d'eau importantes qui peuvent être dévastatrices. On se rapproche de la physionomie des gardons cévenols avec des étiages parfois sévères et des crues marquées.

La qualité des nombreux petits affluents permettent une meilleure colonisation de la rivière par dévalaison.

De plus, les truites de souches sont habituées et donc adaptées à ces caractéristiques hydrologiques et sont plus à même de vivre dans un tel milieu.


Ci-dessus le Lignon en crue le 08 Août 2013

Lieu : au Pont Neuf (entre Sauvain et Saint-Georges en Couzan)

Ci-dessous le Lignon dans des conditions estivales "normales"


IMPACT DES CRUES :

 

Plusieurs périodes dans l'année sont critiques :

 

En Avril-Mai : A cette époque de l'année, alors que les alevins sont en pleine émergence, un coup d'eau peut avoir des conséquences néfastes.

Sur les dernières années on avait eu :

  • le 31/05/2010 : 8.8 m3/s
  • le 29/04/2012 : 9 m3/s
  • le 01/05/2013 : 22.3 m3/s
  • le 02/05/2014 : 4.98 m3/s
  • le 01/04/2015 : 8.35 m3/s
  • le 29/05/2016 : 12.2 m3/s
  • le 04/04/2018 : 15.1 m3/s

En 2016, on avait eu droit a de très belles populations d'alevins lors des pêches électriques, donc le coup d'eau n'avait pas eu d'impact (mais il était fin Mai)

En 2014, on avait eu des alevins en quantité moyenne (mais le coup d'eau était moins marqué que cette année)

En 2018, tout avait été balayé en janvier, donc...(seuls quelques ruisseaux avaient sauvé "l'honneur")

En 2013, où on peut parler de très gros coup d'eau (débit instantané très fort mais moyenne journalière plus faible qu'une crue ) on avait retrouvé des alevins sur les ruisseaux et petites rivières (Lignon à Jeansagnière) mais quasiment aucun sur le Lignon au Pont-Neuf !!!

 

Au cœur de l'hiver : La fonte rapide de la neige (notamment lors d'un redoux très pluvieux) génère des crues dévastatrices, avec des débits instantanés phénoménaux. Les frayères en pleine rivière sont littéralement balayées. Il n'y a alors aucun recrutement en juvénile.

Seuls les petits ruisseaux permettent alors de fournir une cohorte d e juvénile. 

  • 2018 : aucun alevin sur le Lignon. Quelques uns constaté sur des petits ruisseaux comme la Planchette
  • 2021 : faible recrutement en juvénile, quasi nul sur le Lignon
  • 2022 : recrutement en juvénile très hétéroclite. Nul sur le Lignon au Pont-Neuf sur le secteur le plus encaissé, meilleur à l'aire de pique-nique de Chalmazel, à l'aval immédiat de la confluence du Payonnet.

 

Cette résilience des petits ruisseaux est le fondement de notre volonté de les préserver et de les restaurer le cas échéant, volonté qui se concrétise à travers les projets engagés sur le Payonnet, le Sagnat, le Verdier et l'Essende !!!

 

Au sujet des crues, sur les 10 dernières années, voici le classement avec le débit instantané (le classement est effectué selon le QJM = débit journalier moyen, ce qui explique que les 22.3 m3/s instantané du 01/05/2013 ne figure pas dans ce classement):

  • le 04/01/2018 : débit instantané = 86.6 m3/s (crue de fréquence de retour centennale)
  • mi-Février 2021 : débit instantané = 56 m3/s
  • le 08/08/2013 : débit instantané = 54.5 m3/s (crue de fréquence de retour cinquantennale)
  • le 29/12/2021 : débit instantané = 52 m3/s
  • le 30/03/2015 : 25.4 m3/s
  • le 31/12/2011 : 23.4 m3/s
  • le 22/11/2016 : 21.5 m3/s

L'étude complète sur la truite fario (état des populations, croissance, génétique) réalisée par le service technique de la FD42 nous a plus que conforter dans notre politique de gestion.

 

  1. Les populations sont en bon état : les densités sont globalement bonnes - seules les conditions naturelles (altitude, morphologie de certains secteurs) limitent le développement des populations de truites fario. Ce qui démontre que la reproduction naturelle fonctionne bien et permet le renouvellement régulier  de la population, malgré les aléas climatiques.
  2. L'étude scalimétrique pour déterminer la croissance des truites démontre une grande variabilité de la croissance des truites en fonction de l'altitude. Si sur les hautes chaumes, la truite est mature à 14cm (apte à se reproduire), plus on descend, plus la croissance est rapide et une truite du lignon de plaine devient mature à 25cm. Sur la partie basse de notre secteur (Lignon en amont de Pontabouland, confluence du Cotayet et du Bouchat) la maille de 20 cm est limite. La maille est la taille légale de capture qui permet au poisson de se reproduire au moins une fois avant de finir dans le panier d'un pêcheur.
  3. L'étude génétique démontre également le diversité génétique d'un bassin à l'autre. Les truites du Lignon sont "différentes" des truites du Vizézy. De même, d'un ruisseau à l'autre, on constate également des différences. Ce qui signifie, d'une part qu'il n'y a pas eu une introgression marquée par les truites lâchées  il y a 30 ou 40 ans et, d'autre part, que les truites de souche sont parfaitement adaptées aux conditions locales.

Cette remarquable étude est consultable sur le site de la Fédération de Pêche de la Loire


Le point noir est la disparition progressive de l'écrevisse à pieds blancs.

 

Les sécheresses de 2003 et 2005, la pollution, l'invasion progressive par l'écrevisse californienne sont la cause de sa disparition.

 

Presque chaque année, une population sur un ruisseau des Monts du Forez disparaît.

 

Même si l'écrevisse californienne n'est pas (encore) présente sur notre secteur, la maladie peut se transmettre par l'intermédiaire du matériel de pêche.

 

Ces dernières années, le Cotayet et la Curraize ont vu leur population d'écrevisses à pieds blancs disparaître (bien que l'écrevisse californienne ne soit pas présente)


2 - Préservation et restauration des cours d'eau et des milieux aquatiques

Les Monts du Forez étant la zone géographique de l'AOP Fourme de Montbrison, l'agriculture locale est essentiellement tournée vers l'élevage de vaches laitières.

On y trouve également des élevages porcins et ovins.

 

La Truite du Haut-Lignon Forézien s'est ainsi engagée dans la préservation de ruisseaux contre le piétinement bovin. Elle pose, en accord avec les propriétaires, des clôtures en barbelés ainsi que des passes à clôtures pour limiter les détériorations lors du passage des pêcheurs.

 

Depuis 2005, plusieurs ruisseaux ont ainsi été traités.

 

Les photos ci-dessous  montrent le résultat obtenu sur un ruisseau : à gauche celles réalisées en Mai 2005 au moment des travaux et à droite, celles faites en 2008, 3 ans plus tard. 




Alors que le lit du ruisseau était recouvert de limon, de terre, que les berges étaient affaissées, 3ans plus tard on retrouve un ruisseau avec des berges stabilisées, des courants qui vont creusés des caches sous les berges, un lit plus "propre"; le limon et la terre ont disparu et ont laissé place à du sable et des petits cailloux.

Ce ruisseau qui avait connu des assecs en 2003 (quasi total) et en 2005 a malheureusement connu un nouvel épisode d'assec en Août 2011 qui a entraîné un mortalité importante. Néanmoins certains secteurs restent toujours en eau, ce qui maintient une petite population de truite.

 

Ci-dessous la localisation de nos actions depuis 2005.

 

En rouge brun, les opérations de débroussaillage

En vert, les opérations de mise en défend

 

Chaque opération demande du travail : repérage, contact des propriétaires, obtention de leur accord, planification, puis passage à l'action !!!


3  - Découverte de la pêche et des milieux aquatiques

Chaque année, la Truite du Haut-Lignon Forézien accueille des classes de primaire pour une découverte des milieux aquatiques de nos montagnes et une première prise de contact avec la pêche.

 

Sur une demi-journée ou une journée, les enfants vont ainsi découvrir la richesse des ruisseaux de montagne et s'essayer à la pêche.

 

Elle accueille également le centre de loisir du coin ainsi que quelques écoles de pêche qui viennent s'initier à la pêche à la mouche.


Pratique de la pêche

En se lançant dans une gestion patrimoniale, la Truite du Haut-Lignon Forézien a souhaité également promouvoir une pêche plus soucieuse des milieux naturels, plus "qualitative" et moins "quantitative".

 

Nous encourageons les pêcheurs à pratiquer une pêche moins "agressive" - hameçon sans ardillon - remise à l'eau d'une majorité de vos prises maillées.

 

Les propriétaires nous accordent le droit de passage, respectons leurs propriétés :

  • fermez les barrières après votre passage,
  • n'abandonnez pas vos déchets de pêche sur place,
  • ne piétinez pas les cultures ni les prés, notamment lorsque l'herbe est haute
  • utilisez les sentiers.

 

Laissez les accès aux parcelles et propriétés libres en vous garant.

 

Vous pêchez en montagne, sur des cours d'eau dont l'accès à certaines parties est difficile, voir dangereux.

Si vous partez seul, signalez à vos proches où vous allez pêcher.

 

Respectez également les autres pêcheurs ; si vous arrivez sur un parcours où un autre pêcheur est déjà en action, ne lui "pourrissez" pas sa partie de pêche en vous positionnant juste en amont. Allez le voir pour lui demander jusqu'où il compte pêcher.

 

 

Techniques de pêche

Toutes les techniques de pêche de la truite peuvent se pratiquer.

 

Que ce soit à la mouche (sur le Lignon, la Vialle, le Pierre-Brune ou le Vizézy), aux leurres, cuillers, vairon manié (bien qu'il n'y ait pas de vairon sur les parties amont que nous avons en gestion) ou aux appâts naturels ( ver de terreau, teigne, porte-bois, sauterelles,...), vous trouverez les conditions idéales pour pratiquer votre technique préférée.

 

Parcours de pêche spécifique

Nous n'avions jusqu'à présent pas instauré de parcours spécifique de pêche (no-kill, patrimonial,...).

 

Mais en ce début d'année 2019, nous avons obtenu le classement d'un linéaire de 520m sur le Lignon en parcours no-kill.

D'une part pour répondre à l'attente de certains propriétaires qui se désespèrent de voir le côté "viandard" de quelques pêcheurs.

D'autre part nous espérons que cette sorte de "réserve de pêche" aura un effet bénéfique.

 

Enfin ce parcours sans tuer est ouvert aux différentes techniques de pêche.